Hybridation numérique d’une organisation énergétique : Analyse de son contexte de faisabilité sociotechnique

Résumé

Cet article revient sur le contexte de faisabilité sociotechnique au sein d’une grande entreprise de l’énergie dans une situation d’hybridation numérique. En effet, la médiation opérée par les technologies de l’information et de la communication s’accentue de manière exponentielle, de même que l’influence politique de la direction des systèmes d’information en charge de ces dispositifs techniques. Il est alors nécessaire de mieux appréhender le contexte contribuant à cette hybridation dans une entreprise industrielle. Pour cela, nous mobilisons une observation participante de trois ans d’où sont extraites les données présentées et analysées dans une grille de faisabilité sociotechnique de sorte à identifier des effets de l’hybridation de l’organisation au regard de la médiation des pratiques sociales ou encore de la temporalité. Commentaire de la responsable du numéro Mme Nathalie Pinède : Remettre l’humain au centre des dispositifs techniques, c’est aussi l’objectif du texte d’Antoine Henry sur l’ « Hybridation numérique d’une organisation énergétique». L’auteur mobilise notamment le concept de «faisabilité sociotechnique », soit le « processus d’insertion et de diffusion sociale qui s’inscrit dans une échelle de temps [et] qui nécessite un certain nombre de phases » (Zelem, 2012, p. 4) pour mettre en évidence les phénomènes d’hybridation à l’œuvre, produits d’ajustements entre numérique et logiques organisationnelles et individuelles, et à ce titre, inscrits dans une dynamique temporelle tout à la fois structurante et labile. A partir d’une étude de cas menée sous forme d’observation participante et d’entretiens dans une grande organisation du secteur énergétique français, l’auteur montre les multiples effets de déplacement (par exemple, nouveau poids politique de la Direction des systèmes d’information au détriment d’autres directions « historiques »), de substitution (augmentation de la place des médiations numériques dans l’entreprise) ou encore de réagencements (nouvelles formes de rationalisation « tayloriste » de l’activité mais aussi nouvelles formes d’action collective). Ainsi, A. Henry brosse-t-il un tableau où le temps révèle les transformations à l’œuvre quand la technique rencontre l’individu (et vice-versa…).

Publication
Les Cahiers du Numérique
Antoine Henry
Antoine Henry
Chercheur en Sciences de l’Information et de la Communication

Mes recherches se concentrent plus particulièrement sur les questions relatives au numérique, à l’information et à la transformation des organisations.